L’importance de la représentation.

5 Juin 2020 | Articles et médias

« Ma situation s’est cristallisée depuis longtemps » ! « Tout autour de moi est chamboulé » ! Dans chacune de ces deux phrases, ce n’est pas le fait qui pose problème mais bien la façon dont il est abordé.

Dans la première affirmation, le mot utilisé est « cristallisé ». Si celui-ci est remplacé par « stabilisée », je comprends tout de suite la différence. Une situation cristallisée pourrait me laisser entendre qu’il y a une certaine crispation, une certaine incapacité à sortir d’un fonctionnement établi. Alors que dans l’autre cas, j’aurais tendance à entendre une certaine satisfaction, une personne qui trouve ses repères. Pourtant, la cristallisation comme la stabilisation semble, factuellement, nous laisser croire qu’il y a une certaine routine, un environnement qui change peu. Mais face à ce « fait », et selon la formulation choisie, je ne ressens pas le même message.

Identiquement pour la deuxième affirmation. Si je remplace le mot « chamboulé » par « en évolution », je reçois encore un message différent. L’un me fait penser à une certaine instabilité, un inconfort face à une situation qui change. L’autre me laisse croire que le changement qui s’opère est bénéfique, que la situation est positive. Mais là encore, les deux situations décrivent le même « fait », un changement.

Il me parait évident que les éléments factuels d’une situation apportée par un client sont primordiaux pour comprendre le contexte. C’est sur ces éléments que je pourrai m’appuyer lorsqu’il s’agira de créer la structure du tableau. Toutefois, je dois absolument être attentif aux détails qui accompagneront la structure. Sur mon tableau, j’ai une maison dans les champs, une forêt en arrière-plan et quelques collines qui agrémentent la profondeur. Le ciel est bleu et une quinzaine de personnes sont assises ou à genou autour de l’habitation. Voici ma structure.

Là, je suis prêt à parier que la plupart d’entre-nous, à cette énoncée, nous nous sommes projetés dans la petite maison dans la prairie, dans un cadre idyllique. Tandis que les éléments factuels nous laissent construire une belle image, les mots qui auront accompagné cette description vont pouvoir, à eux seuls, totalement changer notre représentation du tableau. Je force le trait, pour bien comprendre.

Sur mon tableau, j’ai une maison noircie par les flammes dans un champs brulé par l’incendie. La forêt en arrière-plan à quelque peu souffert de la sècheresse actuelle. Les collines qui agrémentent la profondeur sont jaunie par les prairies asséchées. Le ciel est bleu et le soleil brule la peau des personnes autour de l’habitation. Assises ou à genou, elles sont exténuées par le combat qu’elles viennent de mener contre le feu.

Je ne sais pas pour vous, mais si j’ai pu ressentir une forme de bien être dans la première description, la deuxième aura eu pour effet de me crisper. Pourtant, les éléments du tableau sont initialement les mêmes. C’est bien l’état de ces éléments et les événements qui rendent le tout vivant. Si la maison est belle, dans un champ de colza en fleur avec de beaux coquelicots rouges parsemés. Que la forêt abondante d’un vert intense contraste merveilleusement avec les collines encore habillée d’un vert printanier. Et que le ciel bleu permet au soleil de réchauffer les personnes assises autour de l’habitation prenant un pique-nique en famille. Alors, comme moi, vous aurez certainement retrouvé une certaine forme de bien-être à la représentation de ce tableau.

Je dois donc garder mes radars allumés en permanence, être attentif aux mots utilisés, au comportement de la personne. Je dois, aussi et surtout, comprendre que mes interprétations sont le fruit de mes propres expériences, de mon propre vécu. J’ai donc l’obligation, dans ma position de coach, d’aller vérifier si ma compréhension est la bonne, si ce que je suis n’a pas « pollué » mes interprétations.

C’est donc bien en écoutant activement l’énoncée de la personne que je peux me faire une représentation au plus proche de sa réalité, me permettant de comprendre l’état initial de la situation et continuer le processus de coaching avec elle au travers du questionnement. Je suis attentif aux détails et reste centré sur ses besoins, sa demande, et je vérifie continuellement que nous ayons la même vision de sa réalité.